Quelques pistes pédagogiques
à l'attention des enseignants pour explorer "
POLZOUNKOV "
Resituer le récit "Polzounkov"de Dostoïevski
dans son contexte historique, culturel, artistique et politique.
1848 en Russie ?
Que se passe-t-il à cette époque en Russie ?
En Europe ?
Lecture des oeuvres de jeunesse de l'écrivain russe,
notamment "Carnets du sous-sol"
Polzounkov est écrit en 1848. C'est un récit
de jeunesse. Dostoïevski n'a pas encore écrit
ses grand romans tels que Les Carnets du sous-sol, Crimes
et Châtiments, L'idiot, ou Les frères Karamazov,
mais on sent déjà là, toute la fougue
de son génie dévastateur.
La légèreté de Polzounkov, si elle cache
une tragédie plus discrète, n'aborde pas le
drame de front. Nous ne somme pas encore plongés dans
l'obscurité larvaire du Dostoïevski des Carnets
du sous-sol, dont le personnage Polzounkov est le premier
avatar. Plus tard une tragédie bien plus cruelle, étouffante
parce que sans issue : celle d'un autre raté, humilié
et fourbu qui n'a même pas réussi à faire
de lui-même un insecte, tel qu'il l'aurait souhaité
: "l'homme du sous-sol". Polzounkov lui, reste encore
un peu dans la lumière, il remonte au jour, il fait
des pitreries et des cabrioles pour résister à
ce qui, sans le rire et les facéties, risquerait de
l'engloutir.
Il semble que par l'abord de ce récit, il nous soit
possible de trouver un parole proche de celle du peuple, en
lutte pour sa survie ; la parole d'une classe sociale aujourd'hui
sans échos ou presque, les gens de conditions modestes,
les humbles, les laissés pour compte...
· En quoi ce texte est révolutionnaire ? Qui
est le personnage central ? Pourquoi le récit a-t-il
été censuré lors de la parution de la
revue ? Connaissons nous des oeuvres européennes de
la même époque, 1848, prenant pour personnage
central des individus comme Polzounkov ? De sa condition sociale
?
· Pourquoi Dostoïevski a-t-il écrit ce
récit de cette manière ? Pourquoi ce style ?
Y a-t-il un style ? Peut on parler de style lorsque l'on désire
faire parler la réalité ?
· En quoi ce récit tranche t-il avec l'héritage
du Romantisme ?
Une fois interrogés les démons et les terreurs
que nous portons en nous, l'alternative d'un suicide pour
l'humanité ou bien un retour aux notions de collectifs,
il apparaît que la réflexion sur le nihilisme,
l'anarchie, le fascisme, sur le choix entre destruction totale
ou acceptation de la vie (même dans ce qu'elle manifeste
de plus médiocre), est la tentative de mettre en crise
le Romantisme hérité du XIXe siècle et
l'odeur brûlée de morts et de séductions
tragiques qu'il traîne derrière lui. A ce souffle
autodestructeur, n'existe-t-il pas une respiration non fatale,
qui dégagerait un peu la vie de la "Mort"...
C'est ce que semble proposer Dostoïevski et avec humour...!
· Imaginer quelle pourrait être une mise en
scène du récit Polzounkov de Dostoïevski
:
Quel espace scénique ?
Quel décor ?
Quels accessoires ?
Quelles types de lumières ? Froides, chaudes,...
Combien de comédien(ne) ?
Quel costume ?
Quel maquillage si il y a ?
Quel type de jeu ?
Quelle serait la matière textuelle du spectacle ?
Le récit peut-il se jouer dans sa totalité ou
bien faut il en proposer une version plus courte, voir une
adaptation ?
A quelle époque l'action du spectacle est elle sensée
se situer ?
Dans quel pays ?
Quels sont les messages que ce spectacle serait censé
diffuser ?
Enfin ce spectacle est il plutôt d'humeur comique ou
tragique ?
· Imaginer, dessiner et concevoir une affiche du spectacle.
Ces quelques outils ont été forgés par
Bruno Marchand.
A chacun de les adapter à ses besoins et d'en faire
usage avec le doigté qui lui est propre.
Tel qu'on la lisait jusqu'ici en français, l'oeuvre
de l'écrivain russe paraissait avoir été
écrite par un de nos romanciers du XIXe siècle.
Les "Traducteurs, explique André Markowicz, ont
toujours amélioré son texte, ont toujours voulu
le ramener vers une norme française. C'était,
je crois un contresens, peut-être indispensable dans
un premier temps pour faire accepter un auteur, mais inutile
aujourd'hui, s'agissant d'un écrivain qui fait de la
haine de l'élégance une doctrine de renaissance
du peuple russe. (...) L'oralité est la source de l'entreprise
de Dostoïevski. Chacun de ses textes est bâti pour
et par une voix. Dès 1846-1847, il avait entrepris
une grande fresque, qu'il appelait Carnets d'un inconnu, basant
chaque "carnet"
(ainsi Netotchka Nezvanova, le Joueur, les Carnets du sous-sol,
et bien d'autres), moins sur une intrigue que sur une intonation,
moins sur les faits rapportés que sur la sensation
laissée par ces faits dans l'âme, donc dans la
langue, de tel ou tel personnage. C'est une intonation qui
crée l'atmosphère, qui justifie le réseau
profond des métaphores..."
L'entreprise est donc de restituer
au romancier russe sa véritable voix,
la voix d'un possédé dont la langue est à
l'image de sa démesure et de sa passion.
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